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Crônicas Cariocas (Chroniques Cariocas)
14 avril 2011

Les Français à Rio

Pour une fois, je vais cesser d'être mauvaise langue concernant les Cariocas, et vous parler un peu du comportement de certains français ici.
D'ailleurs, je pourrais même dire "touristes", car même si je n'ai vu ce comportement que chez les français à diverses occasions, je suis persuadée que le phénomène n'est pas uniquement francisé, mais bien mondial, ou ce qu'on appelle plus communément par ici "gringo" (cad : tout ce qui n'est pas sud-américain).

Quand l'étranger vient ici, il vient certes dans un pays pauvre (mais on s'améliore), mais ce n'est pas le pays du troc et de la négociation dans les souks. Déjà, parce qu'ici, il n'y a pas de souks. Et parce que pour négocier, il faut 1) savoir le faire avec politesse 2) ne pas le faire à n'importe quel endroit et pour n'importe quoi.
Le brésilien négocie pas mal, mais des petits trucs du style "tu me fais un prix sur ta barquette de 5 kakis à R$7 et en plus je te prends la douzaine de bananes à R$6" ou bien "une brochette de viande de chat pour R$3 et 2 pour R$5". Ou alors, il existe des prix déjà négociés si on achète en gros.
Mis à part ces moments, et surtout si on est touriste (= avion jusqu'ici = riche), il vaut mieux eviter de négocier, voire pire, de refuser de payer quelque chose.

Exemple : ma mère était l'autre jour à Santa Teresa.
Santa Teresa, c'est un joli petit endroit de Rio, un peu bohème, qui a l'époque était un peu comme le Montmartre à Paris. A Santa Teresa, il y a un petit tram qui part du Centro jusqu'au coeur du quartier, perché en haut d'une petite coline.
Le tram est assez connu, car c'est l'une des images typiques de Rio. Il ressemble à une vieille boite en fer à sardine, jaune, ouvert de tous les côtés, avec des sièges en bois et des tubes en ferrailles sur le côté extérieur pour pouvoir se tenir à moitié-dedans à moitié-dehors quand il y a du monde.
Ce tram est accessible à n'importe qui pour la modique somme de...R$0,60. Et quand on pense que le ticket de métro ici vient d'augmenter à R$3,10, j'adorerai que le tram de Santa Teresa puisse parcourir la moitié de Rio.
Bref, ma mère repère 3 français, un couple et leur fille d'environ 20 ans.
La fille et son père se tenaient fermement accrochés aux rambardes externes, et la maman, assise.
Le contrôleur est passé pour faire payer la somme dûe (R$0,60, ndlr).
Et là commence le cirque. La JF a refusé de payer, en disant que comme elle n'était pas assise DANS le tram, elle n'estimait pas devoir payer le transport.
Il parraît que ce petit jeu a duré quelques minutes, pendant lesquelles la JF haussait le ton dans un portugais à couper au couteau, le contrôleur lui expliquait qu'il s'en fichait qu'elle soit assise ou non, elle était tout de même en train d'utiliser le transport, et la maman, cramoisie, se tassait de plus en plus sur elle-même, vraisemblablement très gênée d'avoir une fille si pingre.
L'histoire a fini par se résoudre quand la maman a tendu au contrôleur la somme totale de R$1,80 (!!).

Et encore, ce n'est qu'une histoire parmi tant d'autres que j'ai entendue ou même vue.
L'année dernière, au Sambodrôme, un patriarche français a tenté de négocier le prix d'une canette de bière à l'un des vendeurs, et a fait un scandale quand le gars a refusé de baisser le prix (soit dit entre nous, quand on peut se permettre de payer un billet A/R Paris-Rio + R$500 le billet d'entrée au Sambodrôme, on peut payer une canette à R$3,20). Résultat : non seulement il n'a pas eu sa bière, mais en plus la moitié des gens qui étaient assis à côté de lui ont commencé à défendre le vendeur, et moi je me suis sentie obligée d'aller expliquer au français à quel point il était malpoli.

Donc, pour résumer, ne tentez pas de négocier parce que vous êtes dans un pays pauvre et que vous croyez qu'ici ça se fait.
Sans stigmatiser, je sais qu'au Maroc ou en Tunisie c'est quelque chose de possible, mais c'est un jeu entre les vendeurs et les clients. Ici, personne ne trouve ça drôle. Les gens qui travaillent comme ce contrôleur et ce vendeur de bières, sont pauvres. Vraiment pauvres. Ils travaillent toute la journée pour gagner une misère, et ce, 6 jours sur 7. Les RTTs n'existent pas et les vacances c'est un peu comme la petite souris. Le SMIC ici est à R$547 soit environ 238€. Bien loin des 1365€ français. Et les 35h c'est juste un chiffre.
Là ou je veux en venir c'est la chose suivante : ok, vous êtes au Brésil, à Rio, pour passer du bon temps. Mais si vous avez pu prendre un billet d'avion (même en low-cost), payer un logement et prévoir un budget sorties-virées-souvenirs, vous pouvez aussi vous permettre de dépenser R$0,60 pour un trajet de tram au-dessus des Arcs de Lapa.
Détendez-vous, profitez, ne pensez plus à l'économie mondiale, vous êtes à Rio. En vacances.
Et rendez les français expatriés fiers de leur pays et de leurs concitoyens en montrant combien le français peut être quelqu'un d'agréable et ôter définitivement cette détestable étiquette de râleur invétéré.

Bon, pour l'histoire du français qui ne se douche pas, je crois que c'est mort. Tout le monde pense sincèrement que en France, c'est 1 fois par mois...

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